Courir sur des mandats présidentiels, contestés, n’est en rien méritoire. La triste fin du président tchadien est un cas d’école de plus devant servir d’exemple à d’autres autocrates doublés de dictateurs.Le président Idriss Déby Itno est décédé hier des

L’homme qui venait d’être réélu était attendu pour son adresse à la nation. Mais le week-end dernier, il s’était préoccupé d’une avancée inquiétante des troupes rebelles au nord du pays, si bien qu’il s’est rendu lui-même sur le front. Les combats ont été âpres en à juger par les déclarations faites par l’armée régulière et sa rivale. La première disait avoir mis en déroute les assaillants. Elle a même affirmé avoir tué 300 rebelles, fait 150 prisonniers et perdu cinq militaires.En face, le chef de la rébellion a été pour sa part précis, indiquant que le chef de l’Etat avait été blessé et qu’un hélicoptère l’avait transporté du champ des combats pour ses soins. Le Monde, lui, retient de lui un « dictateur » qui a régné « sans partage » sur un pouvoir qu’il a obtenu suite à un coup d’Etat. Alors soutenu par la France, il avait tombé Hussein Habré en 1990.«Au sein du pouvoir, Idriss Déby régnait volontiers par l’« intimidation » et le népotisme, selon ses détracteurs. Il avait placé sa famille ou des proches à des postes-clés de l’armée, de l’appareil d’Etat ou économique, et ne laissait jamais les autres longtemps en place », écrit le journal français.LA CONTESTATION, L’OPPOSITION, LA RÉBELLIONTrès tôt, ses méthodes vont être contestées par les populations. L’opposition reprenant confiance finira par se dresser contre son régime. Et progressivement, la rue prend conscience de sa capacité à tenir tête à celui que des voix outrées considèrent comme un « dictateur ».L’influence de ses services (armées, police, renseignement, etc.) sur les réfractaires est dépeinte comme une oppression. Conséquence, même son axe de campagne présidentielle « paix et sécurité » n’a pas connu l’adhésion massive escomptée, à part celle de ses partisans. Longtemps avant, une opposition para militaire avait fini, elle aussi, par prendre forme, affichant une farouche résistance. C’est ainsi qu’entres autres formations, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) vient à s’incruster dans le pays.Les offensives de cette force de puis la Lybie, pays auquel elle est adossée, ont parfois tourné à des clashes inédits, à l’instar de son offensive le 11 avril, jour de l’élection présidentielle. Le Tchad guetté par la menace par l’avancée du terrorisme au Sahel ne connaîtra pas, hélas, une issue heureuse des antagonismes entre pouvoir et rébellion.UN DEUIL NATIONAL QUI AURAIT PU ÊTRE ÉVITÉTrente années consécutives, c’était quand-même trop ! Mais comme bien de leaders africains, le Maréchal Déby n’aura été le meilleur exemple qu’espèrent les démocraties continentales. Il laisse derrière lui une image qui a obscurci davantage l’histoire de dirigeants qui n’ont voulu rien entendre de la gestion participative et inclusive du pouvoir. A preuve, même mort, son système contesté s’impose par la succession qui lui est faite.« Un conseil militaire de transition [CMT] est mis en place pour assurer la défense de notre cher pays dans cette situation de guerre contre le terrorisme et les forces du mal afin d’assurer la continuité de l’État », affirme l’armée.« Un conseil militaire dirigé par un de ses fils, Mahamat Idriss Déby Itno, général quatre étoiles à 37 ans et commandant de la garde présidentielle, est chargé de le remplacer. « Le conseil s’est aussitôt réuni et a promulgué la charte de transition », a ajouté le général Azem  Bermandoa  Agouna », rapporte toujours Le Monde. On dirait dit Idriss est mort, vive Idriss qu’on n’aurait pas eu tort. Un deuil national de 14 jours plonge ainsi le pays dans une profonde tristesse. Dire que le Tchad aurait s’éviter pareil destin.UNE OBSESSION POUR LE POUVOIRLa gouvernance Déby s’était incrustée au Palais ! Elle prenait même des allures extravagantes. En témoigne le décret qui décrit la nouvelle apparence qu’elle s’était don née récemment. Idriss Déby paraissait désormais comme un monarque en effet. Sauf que sa casquette militaire maintenue au sommet rappelait sa qualité, si la cape qui devait le recouvrir ne cachait pas son uniforme militaire. Le décret est exhaustif quant à la description des nouveaux habits de l’homme :« Une vareuse en poly laine 220 g de couleur bleu nuit et un col Mao haut brodé main or motifs feuille de chêne. Une cape en soie ou en tissu poly viscose, un pantalon avec bande commandement brodée main or, une aiguillette en cordon milanaise or double ferret sur épaule gauche, casquette avec coiffe démontable, un sabre lame forgée et un bâton de maréchal de couleur noire, modèle empire”. Il s’en allait, sublimant le pouvoir tel qu’il se l’‘imaginait, s’imposant un costume étranger des mœurs culturelles et vestimentaires de son pays. L’obsession du pouvoir grandissant, un mandat, deux, trois… sont indiscutablement devenus fatales.