Didier Drogba, président par consensus de la Fédération ivoirienne de football (FIF) ? L’idée suit son cours, depuis la visite « unifiée » et fort médiatisée des présidents de la FIFA et de la CAF, à Abidjan. L’idée fait aussi couler beaucoup d’encre et de salive. D’un côté les partisans du consensus autour de Drogba, peu importe les conditions et les circonstances et de l’autre, ceux qui ont des réserves, quant à la tournure quelque peu autocratique que prennent les choses. Je fais partie de ces derniers.
Un ami m’a envoyé un message, alors qu’il entendait réagir à un commentaire de ma part, demandant à Didier Drogba et à ceux qui seraient tentés de l’imposer à la tête de la FIF, comme cela a été le cas pour Patrice Motsepe à la tête de la CAF, au détriment des Jacques Anouma et autres candidats ; de revenir dans l’orthodoxie de la démocratie. En effet, entre autres arguments, j’avais indiqué que « Didier Drogba mérite d'être président de la FIF, mais il ne sera jamais légitime à diriger une fédération où il aura été imposé, surtout par un certain Gianni Infantino, président de la FIFA. Que la démocratie aille jusqu'au bout à la FIF et que le meilleur gagne et nous souhaitons que ce soit Drogba. Mais pas au forceps, ni par des coups tordus ». Question de principe. Mais alors que je pensais que nombre de ceux qui soutenaient la candidature de Drogba, contre Idriss Diallo et Sory Diabaté, les deux autres candidats issus du système de Sidy Diallo (paix à son âme) et soupçonnés, à tort ou à raison, de pratiques peu empreintes de fair-play ; étaient versés dans les principes de transparence ; grande a été ma surprise de constater qu’en réalité, ils soutenaient la candidature de notre héros, non parce qu’il représenterait à leurs yeux un modèle de gouvernance, mais simplement parce que c’était lui et rejetaient les autres candidats, non parce qu’ils n’avaient pas un meilleur programme, mais parce qu’ils étaient les autres candidats. Tout simplement. Une affaire de personnes, pas forcément de valeurs. Un respectable ami s’est même mis en devoir de m’envoyer un message, en insistant, à ma grande honte, sur le fait que je devrais laisser tomber cette idée de principes, parce qu’il aurait préféré que le futur président de la FIF fût Drogba, peu importe la façon dont il aurait été désigné. J’ai alors compris l’immensité du drame ivoirien. Les principes de nombreuses personnes s’arrêtent là où commencent leurs intérêts personnels et leurs souhaits égoïstes. Dans ces conditions, pourquoi s’étonner que certains de nos dirigeants, au nom d’autres motifs qui n’ont rien à voir avec des principes ; prennent des décisions controversées ? Comment ne pas comprendre que la vie politique soit rythmée par des leaders charismatiques qui, aux yeux de leurs partisans, ne sont responsables d’aucune action problématique ? Depuis lors, je me pose cette question : raisonnablement, quel mal y a-t-il à vouloir qu’une personne dont on apprécie le talent, soit élue à une fonction, suivant les règles de l’art, afin que son mandat, soit autant légal que légitime ? La réponse coule de source : aucun. Mais pour ceux qui envoient leurs principes en enfer, dès la première occasion, le mal est de demander que les règles soient respectées, dès lors qu’il s’agit de la personne (ou du camp) qu’ils supportent. J’en ai conclu que le mal de ce pays est vraiment profond. Un pays dont de nombreuses personnes perdent le sens des valeurs, au gré de leurs positions conjoncturelles ; réussira difficilement à devenir une Nation forte. Question principielle : qu’est-ce qu’on veut vraiment pour la Côte d’Ivoire ? Dieu nous donne la bonne compréhension !André Silver Konan